Une histoire de taille... de l'ADN


Une histoire de taille... de l'ADN

L’ADN, je t’en ai parlé ici, par  et surtout là-bas pour ce qui est de sa structure en double-hélice. Et tu sais désormais que c’est une macromolécule — c'est-à-dire une molécule géante. Je voulais donc te montrer à quel point !

Dans une double-hélice, t’as deux brins d’ADN qui interagissent via des interactions électrostatiques entre paires de bases. On les appelle des liaisons hydrogène. Et les paires de bases, elles sont perpendiculaires à l’axe de l’hélice, et font comme des marches d’escalier. Avec la structure 3D de la double-hélice, tu peux mesurer les vraies distances entre les éléments de la structure et entre deux marches d’escalier (entre deux paires de bases), t’as une distance de 0,32 nanomètres (0,32 milliardièmes de mètres).
 

Le génome humain complet est découpé en 46 segments d’ADN appelés chromosomes. En tout, tu peux compter là-dedans 6 milliards de paires de bases. Du coup, si tu multiplies la distance entre deux paires de bases (0,32 nm) par 6 milliards, ça donne 1,92 mètres.

Ouais, t’as bien lu. Presque deux mètres d’ADN si tu déroules les 46 chromosomes et que tu les mets bout-à-bout. Dans une seule cellule.

La largeur de la double hélice, c’est environ 2 milliardièmes de mètre (2 nm), donc, même si tu dépliais ces 1,92 mètres, tu ne les verrais pas à l’œil nu, puisque la limite de la vision humaine, c’est 200 µm environ, soit 100 000 fois plus petit !

Dans une cellule, donc, ces 46 segments sont empaquetés dans le noyau, qui fait entre 1 et 5 µm, et ça, grâce à des protéines appelées des histones, qui permettent de compacter tout ça — et heureusement !

Dans ton corps, y a 10 000 milliards de cellules (la référence c'est par ). Plus de 80 %, ce sont des plaquettes et des hématies (globules rouges) qui n’ont pas de noyau ni d’ADN (elles les perdent pendant leur différenciation). Donc on va dire 1000 milliards de cellules avec de l’ADN.

Du coup, ça, ça représente 1000 milliards x 1,92 mètres = 1 920 milliards de mètres, soit 1 milliard 920 millions de kilomètres. Avec ça, tu fais presque 2500 fois l’aller retour Terre-Lune. Ou, presque 13 fois la distance Terre-Soleil (et donc 6,5 fois l’aller-retour Terre-Soleil).

Et ça… pour une seule personne !

Voilà, ça c’était pour t’occuper l’esprit ou pour lancer une discussion pendant le repas du week-end en famille. Allez, à bientôt !

 

Le système immunitaire ne connaît pas de "pause" — épisode 2

Le système immunitaire n’est jamais “en pause” — épisode 2

Si tu as déjà entendu que le système immunitaire est parfois “en pause” ou “en sommeil” et que cet état serait un problème car il aurait “du mal à se réveiller” et que cela nous exposerait à des maladies plus fréquentes et plus délétères, alors ce billet est fait pour toi. On va voir ensemble pour quelles raisons cette assertion relève d’un “bon sens” naïf, qui ne tient plus la route une fois qu’on en sait plus sur les mécanismes et des processus immunitaires et leur diversité. On y va ? Prépare-toi, le voyage sera long ! Et cet épisode-ci est effectivement assez long.

L’épisode 1, c’est par .

 

Confiné conceptuellement à son seul rôle d’élimination d’organismes pathogènes, on pourrait faussement croire que le système immunitaire ne sert qu’occasionnellement, c’est-à-dire seulement lorsque nous sommes malades, envahis par un microorganisme néfaste, et que le reste du temps, il est “en pause” ou “en sommeil”. C’est faux. Le système immunitaire fonctionne en permanence et n’est jamais “en sommeil”[1], comme on l’a déjà vu au travers de ses multiples rôles physiologiques permanents et variés. La croyance infondée qu’il aurait de ce fait besoin d’être “stimulé” (boosté) soit par des infections, soit par des compléments est ainsi assez répandue, surtout dans le second cas par des pages Internet à visée commerciale[2].

Tu pourrais contre-argumenter, cher lecteur, chère lectrice, que la détection de cellules mortes, endommagées et sénescentes ou la régulation de l’homéostasie sont des choses normales, de base, et qu’on pourrait considérer que l’arrivée d’une entité étrangère, comme un microorganisme pathogène, déclenche d’autres mécanismes spécifiques qui, eux, seraient “en sommeil” lorsqu’ils sont absents. Mais tu aurais tort. Pour comprendre pour quelle raison, il va falloir qu’on parle de la manière dont le système immunitaire détecte les entités étrangères dans nos organismes, la manière dont il différencie le “soi” (qui fait partie de l’organisme) de ce qui est étranger (le “non soi”) ou anormal. Tu verras que la détection d’organismes pathogènes se produit de la même façon que pour les microorganismes résidents permanents (le microbiote) ou que pour les cellules du soi anormales, et qu’elle déclenche les mêmes processus immunitaires.

 

Figure 1

Il n’y a pas de “sous-stimulation” du système immunitaire en raison d’un “manque d’exposition aux pathogènes”, car cela sous-entendrait qu’il existe des mécanismes de reconnaissance différents pour deux catégories concrètes d’organismes : les pathogènes et les non-pathogènes — catégories sémantiques qui n’ont pas d’existence réelle, puisque la pathogénie — on en a déjà parlé iciest contextuelle et que ce qui est reconnu par le système immunitaire ne diffère pas entre pathogènes et non-pathogènes. Encore une fois, ce qui est reconnu, ce sont des caractéristiques anormales. Il existe des millions d’espèces de microorganismes[3], et très peu sont pathogènes. Nous les croisons en permanence, partout, et il est impossible de les éviter: ils sont dans l’air, dans l’eau, dans les aliments, sur la peau — partout. Pourquoi ne nous envahissent-ils pas, alors que nous représentons pour eux une source gigantesque de nutriments et un havre potentiel de vie calme et tranquille (Fig. 1), loin des affres changeants du monde extérieur?[4] Pourquoi ne sont-ils pas pathogènes ?

 

Barrières physiques et chimiques

Il y a plusieurs raisons[5][6]: premièrement, les conditions internes de nos corps ne conviennent pas à leur survie ou à leur développement (l’humidité, la composition de nos fluides biologiques, la salinité, le pH, la température, la présence ou non d’oxygène, etc.), et on ne les y trouve jamais. Ils ne peuvent donc pas proliférer (Fig. 2) ni, de ce fait, provoquer d’effets néfastes. C’est déjà une première barrière sélective qui contribue à l’immunité dont nous bénéficions face à eux. Elle ne nécessite ni détection particulière, ni cellules spécialisées. C’est simplement une immunité de base conférée par la simple pression de sélection exercée sur les microorganismes par nos propres conditions physiologiques internes. On en a déjà parlé par là.

Figure 2: La croissance microbienne, l’exemple d’une bactérie. Ici, l’exemple est celui d’un bacille comme Escherichia coli ou Salmonella enterica. Attention, dans le cas des virus, qui ne sont pas autonomes, ceci n’est pas valable.

Deuxièmement, certains microorganismes sont incapables de franchir les barrières physiques (peau, muqueuses, etc.) qui leur permettraient d’entrer à l’intérieur de nos corps. Le pH acide de l’estomac est, par exemple, une condition physico-chimique qui exerce une pression de sélection considérable sur les microorganismes qui transitent par notre tube digestif depuis la bouche. Très peu de microorganismes sont capables d’y survivre et encore moins de s’y développer[7]. La peau, les muqueuses, toutes ces barrières constituent également des obstacles physiques que peu de microorganismes parviennent à franchir.

Troisièmement, le système immunitaire — tel qu’on l’entend habituellement — existe. Et  il n’est pas passif en attendant que des microorganismes entrent, comme s’ils étaient rares et n’apparaissaient qu’occasionnellement. Non. Ils sont présents partout, tout le temps. Le système immunitaire inné est notre “première ligne de défense” s’il on veut utiliser un champ lexical militaire. En plus de son intervention dans pléthore de mécanismes physiologiques (voir par ), ce dernier est aussi capable d’empêcher la prolifération des microorganismes. Si les conditions physiologiques de nos corps sont déjà une barrière sélective empêchant la survie et/ou la prolifération de très nombreux microorganismes, le système immunitaire est aussi capable de les modifier et les rendre impropres à la survie d’une partie des microorganismes étrangers qui les toléreraient malgré tout. Autrement dit, le système immunitaire agit comme une “machine à pressions de sélection” vis-à-vis des organismes étrangers (c’est ce que je te présentais ici). Ces conditions délétères pour les visiteurs inopportuns le sont aussi pour nos propres cellules et les tissus qu’elles constituent, et ne persistent que pour une durée normalement limitée.

Si l’augmentation de la température corporelle (fièvre[8]) limite parfois la croissance microbienne[9][10] (et de loin pas dans tous les cas), ce n’est pas une barrière physique suffisante[11], mais surtout une manifestation de l’augmentation du métabolisme et de la thermogenèse — potentialisation du métabolisme indispensable aux cellules immunitaires spécialisées en pleine expansion pendant une infection. Dit autrement, la machinerie doit tourner à plein. Il y a aussi — et c’est souvent par là que commencent les défenses — ce qu’on appelle l’ “immunité nutritionnelle” au cours de laquelle les cellules immunitaires comme les neutrophiles ou les macrophages sécrètent des protéines qui piègent et séquestrent tous les métaux essentiels tels que fer, zinc, cuivre, etc[12][13][14] qui ne sont dès lors plus disponibles non plus pour les microorganismes qui en ont autant besoin que nous (on en a parlé ).

Ces barrières physiques et chimiques, ainsi que ces mécanismes de limitation des nutriments permettent d’appliquer une grande série de contraintes physico-chimiques et biologiques qui changent le paradis à microorganismes que représente notre corps en une sorte de désert aride, où les ressources sont inaccessibles et les conditions de survie défavorables. Cela peut empêcher la pullulation de ces microorganismes. Mais si elles sont efficaces contre la très grande majorité des micro-organismes que nous croisons, ces conditions variables ne suffisent manifestement pas toujours.

 

Systèmes immunitaires inné et adaptatif

Conventionnellement, on a coutume de séparer le système immunitaire en deux sous-ensembles[15] : le système immunitaire inné et le système immunitaire adaptatif. Le premier est présent chez tous les animaux (et il en existe aussi des équivalents chez les plantes, les champignons, les eucaryotes unicellulaires, ainsi que chez les bactéries), tandis que le second n’est apparu que chez les vertébrés dont nous faisons partie[16][17][18][19]. Ces deux “systèmes” ne sont pas ontologiquement distincts, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas deux entités bien délimitées et existant indépendamment l’une de l’autre, qu’on pourrait séparer ; le second ne va pas sans le premier. En fait, comme le système immunitaire adaptatif est apparu après le système immunitaire inné (il y a environ 500 millions d’années[20]), son fonctionnement repose sur les fondements du plus ancien et est intimement intriqué avec lui. Certes, le système immunitaire adaptatif dispose d’innovations absentes chez l’autre, notamment dans la manière dont il détecte les pathogènes et les entités n’appartenant pas au soi, et dans sa façon d’acquérir de nouvelles capacités de reconnaissance spécifiques (sa mémoire), mais il s’est construit avec le système immunitaire inné, et pas indépendamment de lui. En d’autres termes, ils ont co-évolué[21][22][23]. La frontière entre les deux n’existe donc pas réellement, elle est conceptuelle. Il faut donc se garder de penser qu’ils sont indépendants.

Je ne parlerai pour l’instant que de système immunitaire inné, surtout parce que c’est lui qui intervient toujours en premier, rapidement, lorsqu’une entité étrangère parvient à entrer dans notre organisme[24]. C’est d’ailleurs aussi le seul à pouvoir fonctionner immédiatement lorsqu’on rencontre un microorganisme pour la première fois et que l’immunité adaptative ne permet pas encore de le reconnaître spécifiquement. C’est le système immunitaire inné qui intervient dans la reconnaissance immédiate des organismes étrangers, mais aussi dans la détection des cellules anormales, mortes ou sénescentes, etc. Il est aussi actif en permanence pour maîtriser le microbiote. C’est donc de lui qu’il faut parler en premier.

 

Des cellules spécialisées

Le système immunitaire est le nom qu’on donne à tout un ensemble de processus, d’organes et de cellules très différents. Souviens-toi que cette machinerie complexe est aussi impliquée dans beaucoup de processus physiologiques qui ne sont pas directement reliés à la “défense contre les pathogènes”. Mais, en général, lorsqu’on parle du système immunitaire, on fait référence à sa fonction de défense et, surtout, aux cellules spécialisées qui en sont les acteurs. Le système immunitaire inné, par exemple, possède son ensemble de cellules spécialisées, lesquelles sont en général unicellulaires (elles circulent librement !)[25]: les macrophages, les microglies qui sont des formes de macrophages du système nerveux central, les mastocytes, les polynucléaires neutrophiles, basophiles ou éosinophiles, les cellules dendritiques, les monocytes, les cellules lymphoïdes innées[26][27] (ILC, pour Innate lymphoid cells) telles que les ILC-1, ILC-2, ILC-3, les cellules Natural Killer (NK), les LTi), les lymphocytes T invariants associés aux muqueuses (dits MAIT, Mucosal-associated invariant T cells) et les lymphocytes T gd (gamma-delta)... et beaucoup d'autres. Du monde, donc (Figure 3).

Le système immunitaire adaptatif lui aussi possède des cellules spécialisées, telles que les lymphocytes B (producteurs d’anticorps), les plasmocytes (forme différentiée de lymphocytes B produisant les anticorps circulants), et la famille des lymphocytes T (dits ab), comme les lymphocytes T cytotoxiques (TC), les lymphocytes T Natural Killer (TNK), les lymphocytes T auxiliaires, dits helper (Th), avec les sous-types Th1, Th2, Th17, Th9, Th22, Tfh), les lymphocytes T régulateurs (Treg), mais on peut aussi compter les lymphocytes B mémoires et les lymphocytes T mémoires (plusieurs sous-types : les TCM, TEM, TRM, TVM), qui donnent corps à la fameuse “mémoire adaptative” (Figure 3).

 

Figure 3: Les organes et les cellules immunitaires spécialisés. La figure présente les organes du système immunitaire et qui participent directement à ce qu'on appelle "la défense contre les pathogènes" (production et maturation des cellules immunitaires, etc.), mais aussi les barrières qui participent à la maîtrise des entrées d'entités étrangères (peau, muqueuses, etc.). Enfin, la partie droite présente des exemples de cellules immunitaires spécialisées, comme certaines de celles appartenant au système immunitaire dit "inné" (cellules natural killer, polynucléaires, mastocytes, lymphocytes T invariants, lymphocytes T gamma delta, cellules lymphoïdes, etc.), et certaines appartenant au système immunitaire dit "adaptatif" (lymphocytes B et T "alpha beta", cytotoxiques, auxiliaires, régulateurs, natural killer, plasmocytes, etc.).

Toutes ces cellules naissent dans la moelle osseuse et voyagent dans différents organes où elles suivent leur trajectoire de maturation et où elles assurent ensuite beaucoup de fonctions: rate, thymus, nœuds (ganglions) lymphatiques, vaisseaux lymphatiques, amygdales, tissus lymphoïdes, etc. sont tous des organes qu’on associe directement au système immunitaire. Ces cellules immunitaires se distribuent aussi dans de nombreux autres endroits : sang, organes, tissus lymphoïdes, etc. Il en existe plusieurs centaines de milliards à tout moment chez un individu humain moyen, représentant près d’1,2 kg en termes de masse corporelle[28]. Avec les cellules sanguines telles que les hématies (globules rouges) ou les plaquettes dérivées de cellules sanguines, elles sont parmi les types cellulaires les plus abondants[29].

Mais attention, ne va pas croire que ces cellules spécialisées sont les seules à contribuer au système immunitaire. L’immunité innée, par exemple, fait intervenir d’autres cellules qui ne sont pas à proprement parler des cellules immunitaires. Les cellules épithéliales (celles qui constituent les tissus, et qui sont associées entre elles pour former des surfaces) et les cellules endothéliales (celles qui forment les vaisseaux sanguins, par exemple) sont directement impliquées dans l’immunité innée. Par exemple, les cellules épithéliales intestinales, qui forment les surfaces des intestins, participent à la détection des microorganismes qui passent par le tube digestif, et répondent à leur présence. De manière générale, toutes les cellules des surfaces mucosales (des muqueuses), c’est-à-dire en contact avec le milieu extérieur (bouche, tube digestif, donc intestins, rectum, vagin, voies urinaires, voies respiratoires, etc.), contribuent au système immunitaire inné, et, indirectement, au système immunitaire adaptatif[30].

 

Un concept important: les récepteurs

Lorsqu’on dit que “le système immunitaire perçoit” la présence d’anomalies, ce qu’un biologiste dit en réalité, c’est que ce sont entre autres toutes ces cellules qui, d’une manière ou d’une autre, “détectent” les corps étrangers, les microorganismes et/ou les anomalies. On va donc maintenant voir comment cela se produit.

Les cellules du système immunitaire ne reconnaissent pas spécifiquement les “organismes pathogènes” — c’est une idée fausse[31] — car, encore une fois, il n’y a pas de caractéristiques propres aux “pathogènes”[32]; elles détectent tout ce qui n’est pas le soi, autrement dit aussi bien des microorganismes dangereux et pathogènes que les autres, incluant de simples molécules, telles que les toxines. Cette reconnaissance est possible parce que nos cellules disposent de “détecteurs”, des récepteurs en langage plus formel[33], capables d’interagir (former une association à l’échelle moléculaire) avec des structures qui ne font pas partie du “soi”, permettant ensuite aux cellules d’y réagir par une réponse appropriée. C’est ici, donc, qu’il va nous falloir discuter de la notion de récepteur, fondamentale en biologie.

Le concept de récepteur a été introduit entre 1900 et 1901 par Paul Ehrlich (1854-1915)[34], et a ensuite été étendu à toute la biologie. Un récepteur est, en général, une protéine soit située en surface des cellules (implantée dans la membrane), soit localisée à l’intérieur de la cellule (le cytoplasme, le noyau, etc.), soit circulante, sécrétée hors des cellules et libre de voyager dans les fluides physiologiques. Un récepteur possède la capacité de “reconnaître” un ou plusieurs types de molécules. En langage biochimique, “reconnaître” signifie que le récepteur interagit avec une ou plusieurs molécules, qu’on appelle des ligands. On peut mesurer la “force” avec laquelle un récepteur s’associe avec un ligand, qu’on appelle l’affinité[35]. Un même récepteur peut en réalité s’associer (interagir) avec un grand nombre de molécules différentes, mais conventionnellement, celles pour lesquelles il possède le plus d’affinité (avec lesquelles il forme des associations fortes) sont appelées ligands. Par abus de langage, on dit souvent qu’il existe des récepteurs spécifiques de certaines molécules, mais il faut garder en tête qu’il s’agit de celles avec lesquelles il s’associe le plus efficacement et de la manière la plus robuste dans les conditions où il se trouve et en présence de tas d’autres molécules qui encombrent les milieux biologiques.

Il existe des milliers de récepteurs différents. Dans le cas du système immunitaire inné, on les appelle récepteurs innés. Ils interagissent avec des molécules le plus souvent présentes à la surface des microorganismes ou des cellules dites anormales, c’est-à-dire des structures qui n’existent normalement pas chez nous.

L’association entre un récepteur et un ligand est la première étape d’une détection, mais elle n’est pas suffisante, car il faut ensuite que cette association déclenche des mécanismes de réponse, une cascade d’évènements moléculaires qui modifient l’état physiologique de la cellule possédant ce récepteur (généralement en changeant la manière dont les gènes sont exprimés). C’est ce qu’on appelle une voie de transduction du signal. J’appellerai cela une réponse, pour simplifier, mais retiens qu’il s’agit d’un réseau complexe d’évènements moléculaires en cascade qui non seulement signent la détection d’un ligand par le récepteur, mais aussi l’amplifie. Il existe beaucoup de voies de transduction du signal différentes selon les récepteurs impliqués, le type de cellule, etc. De même, chaque type de cellule humaine exprime des combinaisons de récepteurs qui lui sont propres — c’est d’ailleurs l’un des moyens de distinguer les différents types de cellules entre elles.

Le système immunitaire est aussi impliqué dans la reconnaissance des cellules du soi “anormales” et perçoit, selon le même principe et avec des récepteurs dédiés, des caractéristiques normalement absentes (ou masquées)[36][37]. Si tu veux, les récepteurs sont des “organes sensitifs” cellulaires.

Nous disposons de récepteurs aux molécules qui permettent de sentir ce que nous appelons des odeurs[38] ou des goûts[39], des récepteurs aux sons[40], des récepteurs à la lumière[41], même des récepteurs à la chaleur[42] ou à la pression[43][44] et qui nous confèrent nos sens (odorat, goût, ouïe, vue, toucher, mais aussi proprioception, thermoception, nociception, etc.). Nous sommes équipés également de récepteurs à caractéristiques moléculaires anormales.

Mais qu’est-ce que le système immunitaire détecte, au juste ? Et comment ?

 

Les récepteurs de l’immunité innée

Nos cellules sont équipées de tout un tas de récepteurs (Fig. 4), c’est-à-dire de protéines de surface, ancrées dans la membrane cellulaire et exposées à l’extérieur, mais aussi de protéines internes, présentes dans les cellules, et qui peuvent interagir avec (reconnaître) des structures caractéristiques et initier tout un mécanisme de signalisation cellulaire dont l’aboutissement est le déclenchement d’une réponse immunitaire — un phénomène de cascade d’évènements moléculaires qu’on appelle l’inflammation[45].

Note que le terme inflammation n’a pas ici le sens négatif qu’on lui confère dans le langage courant, où il est associé à la douleur, le gonflement et rougeoiement dû à une blessure — sens négatif qui a longtemps été la norme, même en immunologie, lorsqu’on pensait au XIXe siècle qu’elle était due exclusivement aux pathogènes ou aux états pathologiques, alors que les découvertes ultérieures ont montré que ce phénomène physiologique est déclenché, contrôlé et régulé par le système immunitaire lui-même[46]. Avec la découverte des mécanismes sous-jacents, il est devenu clair qu’ils étaient communs à toutes les réponses immunitaires, d’où le fait qu’aujourd’hui, inflammation se réfère en biologie et en médecine aux mécanismes de mise en route de la réponse immunitaire. En fait, on connaît aujourd’hui trois types différents d’inflammation, trois types de réponses immunitaires selon les cellules impliquées dans la détection d’anomalies, les anomalies en question, et la réponse qu’elles produisent[47].

Les cellules du système immunitaire inné, telles que les macrophages, les polynucléaires neutrophiles, les cellules dendritiques, etc. sont bien entendu équipées de tels récepteurs, mais ils sont aussi exprimés dans des cellules qui ne sont pas spécialisées dans l’immunité, comme les cellules qu’on retrouve dans les parois délimitant les vaisseaux (cellules endothéliales), les organes et les tissus (cellules épithéliales, fibroblastes, etc.) (voir Fig. 4)[48]

 

Figure 4: Que sont un épithélium, un endothélium, un récepteur ? Le panneau en haut à gauche explique ce que sont les épithélia (un épithélium, des épithélia) et les endothélia (un endothélium, des endothélia), le panneau en bas à gauche donne l’exemple de l’épithélium qui constitue la surface de la paroi nasale. Les deux panneaux de droite expliquent ce que sont les récepteurs, et la manière dont ils « détectent » les anomalies (ici les molécules anormales), en prenant l’exemple (en bas) du récepteur TLR4 qui reconnaît, entre autres choses, le lipopolysaccharide caractéristique de toute une famille de bactéries.

Tu vois donc déjà ici que le “système immunitaire inné” ne comprend pas que les cellules immunitaires spécialisées, mais toutes les cellules capables de détecter des anomalies par l’entremise de ces récepteurs et de signaler leur reconnaissance. C’est donc un système qui se confond avec presque toutes les cellules les plus abondantes de notre organisme. Note aussi que certains de ces récepteurs n’ont pas exclusivement un rôle immunitaire, certains d’entre eux étant des acteurs centraux lors du développement embryonnaire et la mise en place des organes[49]. Un exemple supplémentaire de fonction multitâche (on dit fonctions moonlighting, dans le jargon). C’est aussi un nouveau témoignage, parmi des milliers d’exemples, que les systèmes biologiques ne sont pas constitués de modules bien délimités mais des réseaux qui s’entrecroisent, se confondent, interagissent. Et une illustration du fait que les entités biologiques n’ont jamais qu’une seule fonction dédiée, mais qu’elles peuvent en réalité participer à des tas de processus, sans hiérarchie particulière.

Tous les animaux — nous compris — disposent d’une collection de base de récepteurs innés codés sous la forme de gènes et exprimés en protéines dédiées à la reconnaissance de structures moléculaires. C’est une mémoire fixe, qu’on peut qualifier de  “prédéterminée” et transmise génétiquement de génération en génération (d’où le “inné”). Elle n’est pas modifiable et reste la même de la naissance à la mort[50][51]. Il existe, bien entendu, des différences entre les individus et les populations, selon l’histoire des mutations survenues dans les lignées humaines, y compris à l’échelle familiale — des polymorphismes, dans le jargon — mais ils ne changent pas chez un individu donné au cours de sa vie. Ces différences, en revanche, sont à l’origine de variations dans la manière dont le système immunitaire inné répond aux anomalies[52][53][54].

La reconnaissance des entités étrangères ou anormales est un sujet complexe et assez dense, et je ferai un billet dédié à cette thématique, mais je peux en revanche te donner une idée de ce dont il retourne, et te montrer pour quelle raison prétendre que seuls les organismes pathogènes “stimulent” le système immunitaire est faux.

 

Figure 5: Les caractéristiques moléculaires microbiennes. Les récepteurs de l’immunité innée reconnaissent des caractéristiques conservées chez tous les microorganismes. Ici, je donne l’exemple des bactéries. Il existe deux grandes familles de bactéries, dont la première constitue les bactéries didermes (littéralement « avec deux peaux »), qui possèdent deux membranes. Là, j’effectue une coupe imaginaire de l’une de ces bactéries pour que tu puisses voir à l’intérieur. Elles possèdent une membrane plasmique, comme toutes les cellules, constituée de lipides, mais aussi une seconde membrane, la membrane externe. Elle est surtout composée d’un lipide complexe, le lipide A, qui est décoré de nombreux sucres (des saccharides) dont je n’ai représenté ici que deux exemples. En réalité, le lipide A peut être agrémenté d’un grand nombre de ces molécules. L’ensemble lipide A + saccharides est appelé le lipopolysaccharide (LPS). Il existe chez la majorité des bactéries à deux membranes (aussi appelées à Gram-négatif, car elles ne se colorent pas au test de Gram). Les bactéries Escherichia coli, Salmonella enterica, Pseudomonas aeruginosa et bien d’autres possèdent ce lipide. Le récepteur de l’immunité innée TLR4 reconnaît la partie lipide A. Il peut donc « détecter » toutes les bactéries de ce type, qu’elles soient pathogènes ou non. L’autre type de bactérie est représenté par les monodermes, qui ne possèdent qu’une seule membrane, la membrane plasmique. Comme les didermes, elles possèdent une paroi, le peptidoglycane, mais il est ici en général beaucoup plus épais et directement exposé à l’extérieur (pas de membrane externe). Certains lipides de la membrane plasmique sont décorés de sucres et d’acide lipoteichoïque, lequel est « détecté » par les Toll-like Receptors (TLR) 2 et 4. Les bactéries comme Staphylococcus aureus (Staphylocoque doré), Streptococcus pneumoniae et bien d’autres possèdent ce genre de structures, qu’ils soient pathogènes ou non. Le peptidoglycane, quant à lui, peut être reconnu par des récepteurs appelés NOD-like receptors. Il existe aussi des récepteurs capables de détecter la présence de certaines protéines de surface des bactéries, telles les flagellines (constituants des flagelles de certaines bactéries) reconnues par le Toll-like receptor 5 (TLR5).

 

Les récepteurs innés reconnaissent des caractéristiques générales présentes chez les microorganismes. Ils ne distinguent pas les espèces de microorganismes, ni s’ils sont pathogènes ou non, mais détectent des constituants conservés (c’est-à-dire qui sont partagés par beaucoup de microorganismes). On appelle cela des Microbe-Associated Molecular Patterns (MAMPs), qu’on pourrait traduire par signatures moléculaires associées aux microbes. Les récepteurs innés sont de ce fait appelés des Pattern Recognition Receptors (PRR, récepteurs de reconnaissance de patrons/signatures). Pour les bactéries, par exemple, nos cellules disposent de plusieurs récepteurs reconnaissant certaines de leurs molécules de surface (Fig. 5) :

- Le peptidoglycane qui joue chez les bactéries le rôle d’une charpente cellulaire[55]. Il est détecté par des récepteurs intracellulaires (à l’intérieur de nos cellules, donc) appelées NOD-like receptors (NLR)[56][57][58]. Le peptidoglycane, bien qu’ayant des caractéristiques variables, possède une structure de base conservée, et il est présent chez un très grand nombre de bactéries (très rares sont celles qui en sont dépourvues). C’est cette structure de base, ce squelette moléculaire commun, qui est reconnu par les NLR.

    - Le lipopolysaccharide[59][60] est un lipide complexe de la membrane de certaines bactéries (dites à Gram-négatif, voir Fig. 5). Il peut être très variable entre les bactéries, mais il possède un constituant de base commun à toutes les bactéries à Gram négatif : le lipide A (Fig. 5). Il est détecté par des récepteurs exposés à la surface de nos cellules appelés Toll-like receptor 4 (TLR4)[61].        

    - Certains autres lipides complexes ou protéines bactériennes de surface sont aussi des marqueurs de reconnaissance par plusieurs récepteurs TLR différents (TLR1, 2, 5, et 6)[62]. La flagelline, par exemple, est une protéine qui constitue les flagelles bactériens (Fig. 5), qui permettent à ces cellules de se déplacer[63]. Elle est conservée chez de nombreuses bactéries et est reconnue par le récepteur inné appelé TLR5[64].

    - Pour les champignons, la détection passe plutôt par des sucres complexes constitutifs de leurs parois cellulaires qui n’ont pas d’équivalent chez nous, qu’on appelle des polysaccharides[65]. Il en existe plusieurs familles différentes[66], reconnues par plusieurs récepteurs différents, comme les C-type lectin receptors (CLRs)[67].

    - Dans le cas des virus, la reconnaissance innée est généralement (mais pas exclusivement) intracellulaire, et se produit lorsqu’il a déjà envahi une cellule cible. Comme un virus possède peu de composants, et que ces derniers sont produits par ou “volés” à nos cellules, la détection est beaucoup plus difficile, car, en termes de constituants, ils nous ressemblent de fait. Souvent, la reconnaissance d’une infection virale passe par la détection du génome viral (ADN ou ARN) dont les caractéristiques et/ou la localisation à l’intérieur de nos cellules suffisent à les différencier de nos propres constituants[68]. Certains récepteurs TLR (TLR3, 7, 8, 9, 10) peuvent reconnaître la présence de protéines, d’ADN ou d’ARN viraux, mais d’autres récepteurs (RIG-I, MDA5, LGP2), peuvent aussi s’acquitter de cette tâche à différents endroits de nos cellules et à différents stades du cycle viral.

L’ensemble de ce processus de détection d’entités étrangères par les récepteurs innés et des mécanismes conduisant à son élimination ou à son atténuation est appelée réponse immunitaire innée[69]. La Fig. 6 présente quelques récepteurs de l’immunité innée.

 

Figure 6: Récepteurs de l’immunité innée. Le tableau donne quelques exemples (la liste n’est pas du tout exhaustive !) de récepteurs de l’immunité innée chez les humains. Ici, il s’agit des Toll-like récepteurs (TLR). Chaque protéine TLR est codée par son propre gène. La protéine TLR1 est codée par un gène, la protéine TLR2 par un autre, et ainsi de suite. Les récepteurs TLR fonctionnels résultent de l’assemblage de deux protéines TLR : soit deux fois la même (on parle alors d’un homodimère), comme dans le cas de TLR3, 4 et 5), soit il s’agit de l’association de deux protéines TLR différentes (un hétérodimère), comme pour TLR1 et TLR2 ou encore TLR2 et TLR6. La protéine TLR2, par exemple, s’associe avec TLR1, et lorsque c’est le cas, le récepteur qui en résulte reconnaît des triacyl-lipopeptides, des structures qui existent à la surface de certaines bactéries. Lorsqu’elle s’associe à TLR6, le complexe (hétérodimère) TLR2/TLR6 reconnaît alors tout une série de signatures microbiennes bactériennes et fongiques (de champignons). Le tableau présente 5 récepteurs de type TLR, leur structure (les codes de la Protein Data Bank, PDB, où ces structures sont stockées et accessibles au public sont indiqués), les signatures microbiennes qu’ils reconnaissent, ainsi que les types de cellules principales qui expriment ces récepteurs (la liste n’est pas exhaustive non plus).
 

Aucun microorganisme ne possède toutes ces signatures en même temps. Certaines bactéries ont une membrane externe riche en lipopolysaccharides (bactéries à Gram-négatif)[70], d’autres en sont dépourvues et affichent un peptidoglycane décoré d’acides lipoteichoïques[71]; il y a des bactéries à Gram-négatif disposant d’un ou plusieurs flagelles, tandis que d’autres n’en ont pas[72]. Bref, tu comprends que les microorganismes présentent des combinaisons de signatures microbiennes et que l’ensemble diversifié de récepteurs innés permet de les détecter malgré cette diversité de caractéristiques. Il en est de même des champignons, des parasites ou, surtout, des virus (qui sont encore plus divers que les autres). Un même microorganisme peut donc être “senti” par différents récepteurs en même temps. Par exemple, une bactérie à Gram-négatif possédant un flagelle peut être perçue par les récepteurs TLR4 (détection du LPS), par les récepteurs TLR5 (détection de la flagelline) et, comme elle dispose aussi d’un peptidoglycane, par les récepteurs NOD et TLR2-TLR6 (Fig. 6). Le récepteur TLR9 peut aussi détecter l’ADN bactérien des cellules bactériennes mourantes. Il existe en plus d’autres récepteurs intracellulaires du LPS, différents du TLR4, notamment chez les macrophages qui phagocytent (avalent) les bactéries[73].

Certains TLR et récepteurs NOD peuvent aussi détecter des signatures de microorganismes très différents entre eux. Par exemple, le TLR4 qui reconnaît le LPS des bactéries à Gram-négatif est aussi impliqué dans la détection des O-mannanes (des sucres complexes constitués de mannose) décorant les protéines de surface des champignons. Le récepteur NOD-2, qui s’associe à certains composants du peptidoglycane bactérien, peut aussi reconnaître la chitine, sucre complexe de la paroi des champignons[74].

En somme, la diversité des récepteurs innés n’est pas inutilement redondante, mais permet la reconnaissance d’une grande diversité de microorganismes en dépit du fait que ces récepteurs ne perçoivent qu’un nombre limité d’éléments conservés. Le nombre limité de récepteurs est, en quelque sorte, compensé par la possibilité de percevoir une grande variété de combinaisons de signatures et donc de microorganismes.

 

Processus permanent de reconnaissance

La reconnaissance microbienne par les récepteurs de l’immunité innée couvre donc un spectre très large de caractéristiques — des caractéristiques présentes, en différentes combinaisons, chez tous les micro-organismes, qu’ils soient pathogènes ou non. Il n’y a, comme je l’ai déjà mentionné, pas de différence entre ces deux catégories sémantiques en termes de signatures moléculaires. Les bactéries à Gram-négatif, pathogènes ou non, possèdent toutes du LPS, parfois un ou plusieurs flagelles, et sont détectées de la même manière. Il en est de même des bactéries « à Gram-positif », pathogènes ou non, avec leurs signatures constituées de peptidoglycane et d’acides lipoteichoïques. Les champignons non-pathogènes, de même, possèdent aussi les b-glucanes, la chitine ou les a-mannanes typiques des parois fongiques (des polysaccharides) et qui sont détectés par les mêmes récepteurs que ceux impliqués dans la reconnaissance de leurs homologues pathogènes.

Les trillions de bactéries présentes dans nos intestins, membres permanents ou transitoires du microbiote, possèdent ces mêmes signatures bactériennes, qui sont bien évidemment perçues par les mêmes récepteurs — les TLRs, les NODs, etc — par les cellules épithéliales intestinales, par les cellules dendritiques, etc[75][76]. Les champignons du mycobiote, eux aussi, sont ressentis en permanence par les mêmes récepteurs innés que ceux intervenant dans la détection des versions pathogènes[77][78]. Ces microorganismes sont présents en permanence et leur détection provoque bien évidemment le déclenchement des processus immunitaires innés classiques (inflammation), mais aussi adaptatifs, avec production d’anticorps spécifiques (on le verra plus tard).

C’est donc bel et bien ce qui se produit en permanence dans nos intestins avec le microbiote intestinal, mais aussi dans toutes les zones d’interaction avec nos flores microbiennes (peau, muqueuse respiratoire, etc). Aucuns risques, donc, que le système immunitaire soit en “pause” du point de vue du système immunitaire inné. Et nous verrons un de ces jours que c’est d’autant plus vrai pour le système immunitaire adaptatif.

 

Le pathogène et le non-pathogène, une question de point de vue

En fait, si un organisme pouvant entrer et survivre dans nos corps est non-pathogène, c’est précisément parce qu’il est reconnu et jugulé par le système immunitaire. Il déclenche les mêmes mécanismes que dans le cas d’un organisme pathogène. En général, l’immunité innée suffit à empêcher une prolifération incontrôlée, ce qui nous conduit à qualifier un tel microorganisme de non-pathogène. Le même raisonnement est valable pour le système immunitaire adaptatif (qu’on verra plus tard). Les symptômes pathologiques (de maladie) n’apparaissent pas car les mécanismes immunitaires sont assez rapides et efficaces pour éviter l’activation d’une inflammation à plus grande échelle. La prolifération microbienne et la dissémination du microorganisme sont empêchées.

Note ici que la réponse innée (mais aussi adaptative) est permanente vis-à-vis des microorganismes du microbiote. L’inflammation permanente — qu’on devrait appeler “stimulation immunitaire permanente” — causée de ces microorganismes est pourtant bien là, les réponses immunitaires sont bel et bien enclenchées, mais tu ne perçois rien. Tu verras bientôt dans un futur billet qu’il y a une différence fondamentale entre le fait de déclencher l’inflammation (les mécanismes immunitaires) et déclencher des symptômes de maladie.

Les microorganismes qu’on qualifie de pathogènes (parce qu’ils déclenchent des symptômes de maladie) sont, en réalité, les microorganismes qui échappent (temporairement) à ces mécanismes de réponse et qui induisent une réponse de plus grande ampleur parce qu’ils prolifèrent — réponse de plus grande échelle qui déclenche des symptômes physiologiques (fièvre, fatigue, courbatures, etc.). De manière générale, les microorganismes pathogènes possèdent les mêmes caractéristiques moléculaires que les autres, mais ils disposent de moyens de masquer ces signatures moléculaires suffisamment longtemps — ou un peu plus efficacement, sans l’empêcher totalement — pour échapper temporairement à la détection innée, voire à la reconnaissance spécifique par l’immunité adaptative. Ces capacités de masquage existent aussi chez les non-pathogènes, mais ne les rend pas délétère pour autant. C’est la combinaison de ces traits chez certains microorganismes qui les rend capables de se multiplier en dépit des conditions défavorables induites par nos systèmes physiologiques internes et/ou par la détection et la réponse immunitaires. Certains microorganismes, par exemple, peuvent s’installer dans nos cellules et éviter la réponse immunitaire extracellulaire, mais aussi esquiver en partie celle qui se produit dans nos cellules.

Les virus pathogènes, par exemple, sont ceux qui peuvent 1) entrer dans nos cellules, 2) s’y multiplier, 3) échapper à la réponse immunitaire assez longtemps pour que leur multiplication et les conséquences de cette dernière deviennent délétères. Il existe pléthore de virus non-pathogènes pour les humains alors qu’ils possèdent toute la machinerie les rendant capables de se multiplier au sein de nos cellules. Ils sont non-pathogènes du simple fait qu’ils ne peuvent y entrer, rendant leur machinerie inutile dans ce contexte. De la même manière, certains virus peuvent pénétrer nos cellules, mais ne s’y multiplient pas, car les éléments qui permettraient leur cycle de réplication n’y existent pas ou n’y sont pas exprimés d’une manière favorable ou encore parce que l’immunité innée (dit antivirale dans ce contexte) est suffisamment efficace pour que cela ne survienne pas. Car les récepteurs de l’immunité innée peuvent aussi les détecter, même s’ils ne sont pas pathogènes : ils possèdent les mêmes caractéristiques anormales que les autres virus semblables mais pathogènes. Certaines bactéries peuvent également entrer dans nos cellules et s’y dissimuler, les protégeant dans une certaine mesure de la réponse immunitaire[79]. Ce qui est pathogène c’est ce qui échappe à nos défenses. Par définition. Sinon, ils ne sont pas pathogènes. Par définition.

Le microbiote est complexe. Chez les humains, des milliers d’espèces bactériennes coexistent[80] et on estime que le corps humain compte au moins autant de cellules bactériennes qu’il compte de cellules “humaines”[81]. Mais en plus de cette flore bactérienne, il faut compter le mycobiome[82][83], l’ensemble des champignons transitoires ou résidents, l’archéome[84], l’ensemble des archées [prononcer arkées] transitoires ou permanentes (des microorganismes qui ne sont ni des bactéries, ni des eucaryotes) et le virome[85][86], l’ensemble des virus transitoires ou permanents. On parle ici de microorganismes présents chez des individus sains, asymptomatiques, et donc de ce qu’on appelle la flore microbienne normale.

Rien que sur la peau, on trouve des milliers d’espèces bactériennes, fongiques (champignons) et virales[87], composition qui change beaucoup selon les endroits qu’on fréquente, l’hygiène corporelle et sa fréquence, les activités de la journée, la zone dermique considérée, l’humidité de la zone corporelle, la fréquence et la durée des contacts avec des surfaces, des animaux, des plantes, d’autres humains, etc[88][89]. La cavité buccale[90], le système respiratoire[91] et d’autres cavités ouvertes directement sur l’extérieur[92][93] sont elles aussi colonisées par une microflore absolument gigantesque, elle aussi dynamique et changeante (alimentation, qualité de l’air, etc.). Il n’en est pas moins que certaines espèces des voies respiratoires sont des résidents permanents, comme certains Streptococcus, des Corynebacterium et autres Staphylococcus aureus (staphylocoque doré)[94]. Le microbiote intestinal est un peu plus stable, mais extrêmement diversifié[95][96]: bactéries, archées, protozoaires, champignons et virus. L’intestin est aussi — en plus d’un organe d’assimilation des nutriments — un organe de “stockage” des microbes.

Il existe d’étonnants virus du microbiote humain, les Anelloviridae, capable d’entrer dans certaines cellules (dont on ignore l’identité), de s’y multiplier et de se disséminer dans l’organisme (on les détecte dans de nombreux organes, dans la circulation sanguine, etc.[97]), et qui infectent pratiquement toute la population humaine mondiale[98]. Leur présence ne semble pas causer de symptômes notables, ni de maladies, en dépit du fait qu’ils sont détectés par l’immunité innée antivirale. Ils sont détectés, certes, mais disposent de mécanismes d’échappement immunitaire assez efficaces[99] leur permettant de persister toute la vie chez tous les êtres humains. Leur taux sanguin augmente beaucoup chez les personnes immunodéprimées, indiquant tout de même une certaine  forme de contrôle immunitaire. Ce genre de virus existe aussi chez beaucoup d’autres mammifères. Bien qu’aucune maladie n’ait été aujourd’hui associée à ces virus, et qu’ils participent probablement à la modulation de l’immunité, ils pourraient avoir des effets en situation d’immunosuppression ou de dysfonction immunitaire, de fatigue chronique, et on sait que leur abondance change pendant une infection par le SARS-CoV-2 et dans les cas de Covid-long[100][101][102][103], à tel point qu’ils sont de bons marqueurs de gravité.

Même si beaucoup de bactéries sont des résidentes permanentes et confinées par les barrières des muqueuses faisant d’eux des commensaux, celles qui colonisent les voies respiratoires deviennent pathogènes lorsque ces voies sont altérées par les conséquences d’une infection respiratoire — pas nécessairement grave — comme après une infection virale respiratoire[104][105][106]. Même s’ils étaient présents depuis toujours, ils peuvent provoquer de graves infections invasives car, une fois la barrière des muqueuses passée, ils disposent de mécanismes d’échappement immunitaire et de facteurs de virulence qui les rendent dangereux une fois entrés. La reconnaissance immunitaire avait bien lieu lorsqu’ils se trouvaient dans les voies respiratoires, car ils possèdent des signatures typiques de celles détectées par les récepteurs de l’immunité innée, mais cela ne confère guère d’avantages une fois qu’ils ont passé la barrière des muqueuses, car leur capacité d’invasion est nettement supérieure à celle d’élimination par le système immunitaire.

De la même manière, lorsque le système immunitaire est altéré, certains membres du microbiote peuvent devenir pathogènes, car en l’absence de limitations imposées par lui, ils prolifèrent de façon incontrôlée[107]. Chez les personnes infectées par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), lorsque les cellules immunitaires deviennent trop peu nombreuses à cause de l’infection virale qui les détruit progressivement, des microorganismes normalement résidents — disons normalement neutres — deviennent néfastes, pathogènes, et causent des maladies dites opportunistes: le champignon Candida albicans, normalement présent sur la peau, les muqueuses, dans le tube digestif devient ainsi hors de contrôle[108]. Les mêmes problèmes surviennent avec d’autres maladies qui causent des dysfonctions immunitaires. La menace provient alors de microorganismes qui étaient jusque là résidents, mais aussi de microorganismes extérieurs qui apparaissaient comme “non-pathogènes” jusqu’à ce que les dysfonctions immunitaires surviennent[109].

Bref, le caractère pathogène ou non-pathogène dépend à la fois des caractéristiques ou des combinaisons de caractéristiques du microorganisme qui interagit avec nous, mais aussi des conditions internes et immunitaires de l’hôte. La réponse immunitaire est donc elle-même un critère, puisque, comme je l’ai déjà mentionné, une diminution des capacités immunitaires (maladie immunitaire, immunosuppression, immunodépression, dysfonction immunitaire, présence d’autres microorganismes, carences, etc.) peut rendre des microorganismes normalement résidents et/ou inoffensifs, dangereux. La pathogénie est une propriété contextuelle, à la fois pour le microorganisme et pour l’hôte qu’il visite et est une question d’interaction.

 

Détection des dommages et de cellules anormales

Le principe de reconnaissance des cellules endommagées, anormales (cancéreuses, mortes, etc.) repose sur les mêmes mécanismes. Il existe des récepteurs reconnaissant des caractéristiques anormales (Damage-Associated Molecular Patterns, DAMPs) et équipant les cellules immunitaires, lesquelles répondent également en déclenchant l’inflammation. Ces récepteurs sont en grande partie les mêmes que ceux qui permettent de détecter les microorganismes[110].

Les MAMPs et les DAMPs sont des stimuli, des éléments qui activent (stimulent) les cellules immunitaires spécialisées ou les cellules qui possèdent les détecteurs appropriés. L’inflammation est la marque de cette activation[111]. Cette dernière peut être sensible (comme lorsqu’on est malade, que le système est déclenché à plein, à grande échelle), ou indolore, lorsque les choses se passent sur une très courte échelle de temps et très localement. Le microbiote, les microorganismes de passage, les cellules vieillissantes, mortes, endommagées, les molécules diverses et variées qui passent par là, toutes ces entités reconnaissables par les cellules exprimant des récepteurs innés dédiés sont des stimuli. Pense, par exemple, que les allergies sont des stimulations dues à des molécules, parfois bien plus petites que des microorganismes, qui témoignent de ce genre de reconnaissance — même si dans ce cas, il s’agit d’une sur-activation du système immunitaire. Car oui, ce que nous mangeons est aussi détecté par le système immunitaire, éléments qui, plusieurs fois par jour “stimulent” donc la machinerie.

 

    En conclusion

    Le système immunitaire est sollicité en permanence. Toute détection d’une caractéristique anormale déclenche l’inflammation (la mise en route d’une réponse immunitaire) mais cela ne se propage pas toujours à la même échelle. Seul un déclenchement à grande échelle provoque les fameux symptômes de maladie.

 

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